Bonsoir à tous ! Aujourd'hui, je ne vous présenterai pas un roman de mer mais plutôt un roman de pêche ! Il s'agit de "La boite à pêche", de Maurice Genevoix. (Certains connaissent peut-être mieux le plus célèbre de ses romans, "Remy des rauches"...).
A l'instar d'un de ses préfaciers, je regrette que cet homme ait été, de manière plutôt méprisante, classé parmi les écrivain "régionalistes". Il n'en demeure pas moins que nous avons affaire à un grand écrivain, lyrique quelquefois, admirablement précis quand il s'agit de décrire une odeur, une sensation, une couleur et surtout à un vrai, un passionné, un obsédé de pêche ! Il n'y à qu'à lire une seule des nouvelles de ce petit livre ("Gardons", "Brochets", "Le grand filet", "L'homme aux grenouilles", "Du haut du pont", etc etc...) pour être persuadé que, plus qu'un passe temps, la pêche représente pour lui un mode vie, une véritable philosophie.
Si de surcroit vous avez pratiqué durant votre enfance (ou encore maintenant ) les berges de la Loire, vous ne pourrez que vibrer à l'hommage que Maurice Genevoix rend au grand fleuve sauvage.
Je ne peux résister à l'envie de vous restituer la fin d'une de ces petites nouvelles. Vous comprendrez peut-être mieux de quel homme il s'agit...
"Il y a huit pêcheurs au bord de la réserve et huit lignes à brochet dans l'eau. Ce sont de vieux bonshommes enracinés que le promeneur regarde en passant, et qu'il retrouve après sa longue promenade, exactement les mêmes, aux mêmes places, à croire que lui aussi a pris racine à coté d'eux et que sa promenade est un rêve. Alors il sourit vaguement: " Quelle patience !" et ne sait pas s'il les admire ou s'il a un peu pitié d'eux. Ne te demande rien promeneur: ce que tu penses, ce que tu sens, cela n'est pas intéressant. La vie d'un arbre, la sais-tu ? Parce que le vent souffle, les feuilles tremblent et les branches se balancent. Ce doit être parce que le vent souffle... Laisse les peupliers au bord de la réserve et les pêcheurs assis dans l'herbe. Tu n'es qu'une ombre aux lisières d'un monde. Si tu revenais dans cent ans, tu reconnaîtrais les pêcheurs, et ce serait bien Varachaud, Pécotte, Jacquemetton, tous les autres. Contente-toi de cette preuve - tu n'en mérites point d'autre - qu'entre les pêcheurs et toi, ce sont les pêcheurs qui existent.
In "La boite à pêche" Les cahiers rouges Éditions Grasset
BONNE LECTURE !!!!
_________________ Un K-Largo. Mais ça, c'était avant. Il est vendu..
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